La carence martiale, ou carence en fer, est un véritable problème de santé publique, du fait de sa fréquence et des impacts majeurs qu’elle a dans la genèse des anémies ferriprives, mais aussi dans de nombreuses symptomatologies cliniques altérant la qualité de vie des patients.
La carence martiale est un défaut d’apport ou d’utilisation du fer, qui conduit à une érythropoïèse insuffisante, dont la manifestation clinique ultime est la survenue d’une anémie. (1)
La carence martiale peut se diagnostiquer grâce à des marqueurs biologiques spécifiques : (1,2)
• La ferritine sérique (Ft), qui reflète les réserves en fer de l’organisme.
• Le coefficient de saturation de la transferrine (CST), qui permet d’évaluer le fer disponible, c’est-à-dire le fer de transport fixé à la transferrine.
Le taux d’hémoglobine représente le fer fonctionnel et permet de poser le diagnostic de l’anémie. Elle se définit par une concentration en hémoglobines basse : <13 g/dL chez l'homme et <12 g/dL chez la femme. (1,2)
La carence martiale est reconnue comme une comorbidité de l’insuffisance cardiaque par l’European Society of Cardiology (2023), indépendamment de l’anémie. La carence martiale aggrave le pronostic vital du patient insuffisant cardiaque, son diagnostic et son traitement sont fortement recommandés. En France, la carence en fer est présente chez 50% des patients insuffisants cardiaques. (3)
En anesthésie-chirurgie, 47% des patients français sont en carence martiale en préopératoire. (4)
Non corrigé, la carence martiale est associée à une augmentation de la mortalité, du taux de transfusion, de la durée d'hospitalisation et des complications post-opératoires notamment cardiovasculaires. (5)
En France, un grand nombre de patients atteints de pathologies chroniques inflammatoires est atteint de carence en fer. Ainsi, 58% des patients atteints de cancer souffrent de carence martiale. (6) En néphrologie, elle est présente chez 47% des patients insuffisants rénaux chroniques non dialysés (7) et chez les patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI), elle touche 24% des patients français. (8)

Le rôle du fer dans l’organisme :
Le fer est l’oligoélément le plus abondant du corps humain qui en contient, dans des conditions physiologiques normales, entre 4 et 5 g (aussi bien chez l’homme que chez la femme). C’est un élément indispensable à la fabrication des érythrocytes (érythropoïèse)…
- HAS. Rapport d’évaluation. Choix des examens du métabolisme du fer en cas de suspicion de carence en fer. Mars 2011.
- Munoz M, et al. International consensus statement on the peri-operative management of anaemia and iron deficiency. Anaesthesia. 2017;72,:233–247
- Cohen-Solal A, et al. Iron deficiency in heart failure patients: the French CARENFER prospective study. ESC Heart Failure 2022; 9: 874–884
- Capdevila X. et al. Perioperative Iron Deficiency in Patients Scheduled for Major Elective Surgeries: A French Prospective Multicenter Cross-Sectional Study. Anesth Analg. 2023.
- Rossler J. et al. Iron deficiency is associated with higher mortality in patients undergoing cardiac surgery:a prospective study. British Journal Of Anaesthesia 2020 Jan; 124(1):25-34.
- Luporsi E. et al. Iron deficiency in patients with cancer: a prospective cross-sectional study. BMJ Supportive & Palliative Care. 2021.
- Choukroun G, Kazes I, Dantal J, et al. Prévalence de la carence martiale dans une population de patients insuffisants rénaux chroniques non dialysés : étude nationale multicentrique observationnelle CARENFER, Néphrol & Ther, 2022
- Peyrin-Biboulet L. et al. Iron Deficiency in Patients with Inflammatory Bowel Diseases: A Prospective Multicenter Cross‑Sectional Study. Digestive Diseases and Sciences. 2022